Les Chevaliers Noirs
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Les Chevaliers Noirs

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 Par une sombre nuit d'orage...

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Slash
Seigneur Loup
Slash


Nombre de messages : 205
Date d'inscription : 30/07/2005

Par une sombre nuit d'orage... Empty
MessageSujet: Par une sombre nuit d'orage...   Par une sombre nuit d'orage... Icon_minitimeJeu 4 Aoû - 17:19

Une pluie torrentielle et agonisante s'abattait sur les toits de la ville des chevaliers noirs. Tel l'ultime geste de bravoure du héros mortellement blessé, l'orage devenant averse bruinait tout ce qui lui était encore atteignable. Suintant entre les tuiles mal assemblées, coulant le long des murs avachis par le poids des ans, serpentant entre les accrocs de venelles irrégulières, l'eau de pluie s'infiltrait partout. Ordenum, la ville de l'Ouest-monde était la proie des eaux du ciel. Cela avait commencé avec l'habituel amoncellement de nuages noirs, flot éparse et épisodique qui vaquait paresseusement, puis ce ciel exsangue de crépuscule qui s'assombrissait, prenait la grisâtre teinte d'un visage malade, qui, au terme d'une souffrance trop grande, se libérait et pleurait sans fin. Les premières gouttes de pluie furent le prélude à une surabondance d'autres, tambourinant sur les toits avec un bruit de tuiles qui se lamentent, comme une rumeur sourde qui se répercutent en écho à travers le plafond. Les riverains avaient rendu les armes, en proie à ce déchaînement des éléments, chose coutumière en cette période de l'année. C'était la saison des Longues Pluies encore. Les fenêtres étaient fermées, les jalousies, dont les lamelles de bois clair qui contrastaient brillamment avec l'architecture grossière, calcaire des maisons côtières, étaient tirées. L'atmosphère était maussade et grise, comme si le monde lui-même était las.

L'olympien trébucha sur le pavé ferme et luisant, mais se rattrapa de justesse. Il resta un moment courbé en deux, le souffle court, sa respiration coincée quelque part en dessous du poumon. Sa précédente course l'avait épuisé mais son rôle de messager tirait à sa fin en même temps que sa fatigue. Il leva ses yeux, gardés mi-clos par commodité -en effet des gouttes s'écrasaient lourdement sur ses paupières-, les braquant vers son objectif, le temple de la ville, actuel quartier général des Chevaliers Noirs. Il était aussi inflexible que la pluie grise et froide qui vitrifiait les pavés et la boue piétinée de l'allée de gravier qui rendait le sol aussi dérapant qu'une piste verglacée. Clopin clopant, l'homme entama sa marche à travers les artères de la ville, les parcourant, les dépassant, les quittant enfin.

L'ancien temple, lieu de culte dédié aux Dieux il y a longtemps souffrait aussi des avaries impitoyables. Cependant, sa haute stature, son architecture rigoureuse et savamment peaufinée ainsi que la solidité de ses fondations le garantissaient de tout incident déplorable, et c'était sans mal qu'il dominait le déluge. Il s'élevait un peu loin que la ville elle-même, à quelques trois cent mètres de là, la surplombant du haut d'une colline aplanie par le poids des ans et la rudesse des saisons. Les prêtres qui avaient coutume d'y vivre étaient arrivés là au moment de la colonisation. Cependant les années et la séparation progressive d'Ordenum avec la capitale avaient contraint ceux-ci à partir ou à changer de métier. C'était il y a longtemps, quelques dizaines de décennies auparavant. Ainsi, quand Slash et ses chevaliers étaient arrivés sur place, ils eurent tôt fait d'investir ce lieu saint afin d'y établir leur bastion. La distance avec la ville elle-même, la froideur singulière des chevaliers à l'égard des autochtones et le caractère hautain des assassins de métier avaient conduit les habitants de la ville à une fascination profonde, de celles que seule une peur inavouée pouvait exercer.

L'apparence du bâtiment n'était guère reluisante, il fallait l'admettre. La mousse mangeait parfois les colonnes, des fissures plus ou moins larges lézardaient les constructions d'un endroit à un autre, telle l'empreinte mémorielle d'un peintre fou qui se serait amusé à décorer sa toile de traces indélébiles. A sa vue, le jeune homme sentit un frisson courir le long de son échine, et il était quasiment certain que ce n'étais pas qu’à cause du froid. Cependant, rester là, victime sous cette pluie battante, n'était pas la meilleure des idées et il balaya sa peur, grimpant souplement la succession de marches à l'entrée du temple, que le poids du temps et la négligence avaient morcelés plus que nécessaire. Un couple de statue d'un or émaillé, plus ocre que jaune, ceinturait le tout. Il leur lança un regard teinté de respect, car il avait l'intime conviction qu'au-delà d'elles, c'est les dieux de l'Olympe qui le scrutait. Puis, sans demander son reste, il passa sous le porche des deux colonnes et pénétra dans l'antre des CN.

Le vestibule s'étendait démesurément sur une pièce circulaire, une large salle au plafond bas sur laquelle s'ouvraient plusieurs autres couloirs qui se perdaient dans les profondeurs du bâtiment : le coeur d'un homme et ses artères. Des braseros rouillés, des grimoires inusités, s'amoncelaient dans les coins alors que, par opposition, à chaque couloir tourné, à chaque pas dépassé, on trouvait encastrés aux murs des armes croisées, de différentes époques, de différents styles et de différentes natures. Hallebardes, pertuisanes, lances, glaives, sabres ou épées bâtardes. Boucliers...

Paradoxalement, le sol était propre et clair. Aucune poussière ne s'attardait entre les fosses nettes et bien dessinées qu'entraînait la rencontre d'un carreau avec un autre, d'une dalle avec une autre. C'était partout la même propreté qui contrastait étrangement avec l'extérieur. Autant du dehors on pourrait croire que le temple était abandonné, autant du dedans on comprenait qu'il était soumis à un entretien régulier. Soudain, l'olympien tressauta et accéléra le pas, comme s'il ne se souvenait maintenant quelle était sa mission et à quel point le temps le pressait. Il suivit un couloir mal éclairé sur lequel s'ouvraient des pièces au mobilier spartiate, les fenêtres encore munies de leurs volets pour repousser les frimas de l'hiver; enfin, il arriva à destination.

La nouvelle salle qu'il venait de franchir était aussi chaude que le couloir avait été froid, aussi accueillante qu'il avait été esseulant. Il y avait là profusion de meubles, de tapis, de tentures, d'étagères couvertes de tablettes d'écriture et de manuscrits, le tout baignant dans la pagaille qui s'installe dans toute pièce confortable et souvent utilisée. Ce n'était pas une chambre cependant, mais probablement ce qui par le passé servit de salle de culte aux anciens prêtres. En effet l'endroit était incroyablement grand, les colonnes qui en soutenaient la voûte étaient toujours ornées de banderoles aux croquis religieux qui pendaient ça et là comme des lambeaux de chair humaine, des reliquats de velours déchirés, symboles d'idéaux brisés, aux allures fantomatiques, qui se traînaient et encombraient l'air. La face blanche des murs était enjolivée de gravures en pierre, qui, bien que presque illisibles désormais, témoignaient d'un art grandiose.

Un feu brûlait dans une énorme cheminée et répandait une chaleur agréablement parfumée. Une table immense était placée obliquement par rapport à la flamme, une carte jaunie en couvrant la moindre parcelle et empiétant même sur ses bords. Deux personnes étaient assises derrière. L'une était une femme à la chevelure châtain, au corps désirable et à la beauté parfaite. Elle enserrait de ses bras graciles un homme au torse nu et musclé, dont le regard brûlant ne l'avait pas quitté depuis qu'il avait pénétré la pièce. L'adolescent se demanda même comment il avait fait pour ne pas le sentir plus tôt. Ses cheveux étaient d'un noir de jais, son visage bien que beau, semblait méprisant car un rictus supérieur s'attardait aux commissures de ses lèvres. Il n'y avait aucun doute possible, c'était bien lui. L'enfant s'agenouilla.

- Seigneur Slash j'ai ce que vous avez demandé...
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Aelia
Invité




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MessageSujet: Re: Par une sombre nuit d'orage...   Par une sombre nuit d'orage... Icon_minitimeMar 30 Aoû - 11:41

HRP// Le style d'écriture est vraiment très abouti. c'est vraiment un plaisir à lire Smile.

Toutes les descriptions sont riches. C'est fascinant de voir comment tu arrives à donner un semblant de vie à tes propos.

J'adore
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