Un mystérieux visiteur

A cet instant, la porte s'ouvrit en grand, laissant passer un Olympien aux cheveux blonds hérissés. Ce dernier s'arrêta un instant, ferma les yeux et respira un grand coup. Après plusieurs bouffées d'air frais, deux choses lui vinrent à l'esprit.

D'une: il pleuvait.

C'était un fait, la pluie tombait à verse.

De deux, quelqu'un attendait.

Sous la pluie.

Mais vous êtes malade ou quoi? dit-il à l'inconnu, les yeux écarquillés. Quel est l'intérêt de venir jusqu'à la taverne si c'est pour rester sur le pas de la porte??? Et vous devez être trempé jusqu'aux os!

Le curieux personnage attendait simplement, le dos vouté, grelottant.

Mon voeu de pénitence et de pauvreté m'oblige à ne rentrer chez les gens que s'ils m'y invitent. Je ne voudrais pas déranger et encore moins gâcher une possible ambiance festive de par ma présence.

L'étranger eut un frisson et se tut, attendant sur place.

Toujours sous le choc, le première pensée d'Ender fut de vérifier si tout cela n'était pas le fruit d'un abus de libations prématuré. Il tâta du doigt le bonhomme qui lui faisait face et dût se rendre à l'évidence: ce dernier était bien réel.

Eh bien, soit! Puisqu'imposer ta présence en ce lieu t'est interdit, je vais donc l'y imposer moi-même. Ce n'est pas que j'aie une quelconque autorité à revendiquer, mais les lois de l'hospitalité ici sont toujours en vigueur.
Tu es mon invité! Entre vite à présent, cette pluie va finir par faire tomber nos extrémités en hypothermie...
Sur ces mots, il rouvrit la porte de la taverne pour laisser passer l'étrange étranger.

La porte se rouvrit, laissant des raies d'eau tremper l'entrée de la taverne. Venant du coin de la cheminée une voix claire s'éleva avec force:

Ender tu veux nous tuer ou quoi? Referme cette porte veux tu! Va dehors ou reste là mais choisit donc à la fin!

L'olympien qui avait parlé était assis à même le sol face à l'âtre, les jambes en tailleur, une bouteille d'hydromal à ses côtés, un verre à la main. Il avait jeté ces mots sans regarder derrière lui et n'avait donc pas vu qu'une seconde personne avait pénétré dans la pièce, l'averse couvrant ses pas.

A moins qu'il le sut mais ne le montra pas.

Le visiteur allait rentrer lorsqu'il entendit les vifs propos du Chevalier Xénos. Surpris par l'interpellation il eut un sursaut et bien que rentrant dans la pièce, il resta à attendre contre le mur, juste à côté de la porte, n'osant s'avancer devant ce qui lui semblait une si impressionnante assemblée. Il bafouilla quelques mots:

Excusez moi... Mais c'est moi qui... enfin qui gênait la porte... je veux dire que c'est de ma faute... ce n'est pas votre ami il n'y est pour rien...

Il se tut et ne sut trop comment se comporter.

Le blondinet coupa court aux excuses de l'homme:

La porte restera ouverte tout le temps qu'il faudra à mon invité pour entrer, Xenos. Tiens, tant que tu es près du feu, peux-tu me passer mon manteau que j'ai mis à sécher de ce côté-là?

Se tournant vers le visiteur, il ajouta:

Ne t'inquiète pas, Xenos râle plus par habitude que par réelle conviction. C'est sans doute le lot de tout commandant en second...
Ceci dit, il a raison sur un point: tu vas attrapper la mort à rester là. Viens te réchauffer à l'intérieur, je vais te trouver de quoi équilibrer ta température!

Il addressa un regard entendu à Anarion qui connaissait parfaitement le brevage adéquat à une telle situation

A propos, comment t'appelles-tu? demanda-t-il en refermant la porte, au grand soulagement des autres clients.

Anarion intercepta le regard d'Ender et comprit vite. Il se dirigea vers les deux personnes et observa le nouvel arrivant. Il servit un verre au nouvel arrivant et prit la parole après avoir saluer brièvement le mystérieux arrivant.

Eh bien... je ne crois pas t'avoir déjà vu quelque part, peux-tu nous en dire plus sur ton histoire et ta présence ici ?

Xenos se retourna vers Ender et lui décocha un sourire carnassier:

Moi râleur, attends donc que je vienne te chatouiller et on verra si je râle! Tu aurais pu le faire rentrer plus vite, ton pauvre invité semble détrempé.

Venez venez donc vous mettre prés du feu, et retirez moi donc ces vêtements qui sont plus des éponges qu'une sécurité pour vous. Vous allez attraper la maladie à les garder sur vous. Ender, tu devrais pouvoir trouver dans l'arrière salle une chemise propre et peut être même un pantalon, regarde donc. On ne va tout de même pas le laisser ainsi?

Le jeune Loup, qui n'était pas réellement le général en second mais avait en effet récemment eu droit à l'approbation de son chef, s'était levé et avait ramené le manteau à son frère Ender. Puis il poussa gentiment le visiteur vers la cheminée, le sentant quelque peu... timide ? Jusque là il n'avait même pas abordé le sujet de qui il était. Cela ne semblait pas l'intéresser outre mesure. Il cherchait plus visiblement à faire en sorte que l'invité se sente bien.

Aux mots du Chevalier Ender l'étranger se reprit quelque peu. Il remercia d'un hochement de tête le verre que le Chevalier Anarion venait de lui amener et s'approcha alors d'une table pour y déposa son livre. Un livre énorme, à la couverture faite de cuir sombre et aux innombrables pages. Il passa sa main dessus pour s'assurer que l'eau ne l'avait pas abîmée. Satisfait il parut enfin se détendre quelque peu.

Je me nomme Grimaldus et... je ne suis qu'un simple moine au service de l'Olympe. Je reconnais toutefois que ce n'est pas le hasard qui m'a conduit à vos portes.

Il sembla baisser encore plus la tête que d'habitude mais gardait un oeil sur le livre.

Cet ouvrage est à la fois un don et une malédiction. Celui à qui je l'ai... emprunté... me traque tel un pestiféré. Pourtant ce livre n'a qu'une seule place, le temple d'un dieu à Lardanium. Mais même là-bas le précédent possesseur de ce livre m'a retrouvé et les Paladins n'ont eut cure de mon histoire..

Il se laissa tomber sur une chaise.

Vous est-il déjà arriver de savoir quelque chose de capital et que, quoique vous fassiez, personne ne vous croie ?

Anarion était intrigué par cette histoire. Il regarda dans le vague un moment, pensant à tous ceci. Puis se ressaisissant, il s'adressa à nouveau à Grimaldus.

Avant de continuer cette conversation au sujet de ce qui t'amène exactement ici, j'aimerais savoir, comme beaucoup d'entre nous je pense, pourquoi tu as... emprunté ce livre et pourquoi son "précédent" propriétaire te traque.

Pour ta dernière question, je ne crois pas que cela me soit déjà arrivé, en tout cas pas récemment.

Que recherchez vous ici cher moine? Une protection? C'est en tout cas ce que à première vue vous semblez être venu chercher.

Et comme l'a si bien dit Anarion, nous aimerions en savoir plus sur vous, et toute cette histoire. Après tout, les Loups ne protègent que leur meute, et leur ville...en temps normal.

Asseyez vous confortablement, et, je le répète, défaîtes vous donc de vos habits trempés. Une fois à l'aise nous aurons tout le temps de vous écouter. D'ailleurs peut être aimeriez vous manger quelque chose? Je dois avoir un reste de jambon et nous avons toujours des pommes de terre prête à être utilisées.

Le visiteur eut un petit sursaut en entendant le Chevalier Althéa de Rioghan. Il jeta un coup d'oeil rapide vers elle puis se reporta prestement sur les Chevaliers Xénos et Anarion qui, dans la lumière, lui semblaient moins troublants.

Mes vêtements... je préfère les garder... je suis un peu pudique et je ne voudrais d'ailleurs pas salir les votres. Peut être est ce trop demandé mais j'apprécierai en effet un petit repas... un bout de pain et une cruche d'eau constituent la seule nourriture à laquelle j'ai droit.

Il revint alors diriger son regard vers l'ouvrage posé sur la table.

Quant à ce livre... son précédent propriétaire me traque simplement pour le récupérer. Il l'a payé au prix fort à un marchant lors d'un de ces anciens voyage. Ce marchant s'avérait d'ailleurs être le receleur du voleur qui le premier a dérobé ce livre. Mon ordre a bien essayé de récupérer l'ouvrage par la voie légale mais l'individu refusait... or je le répète sa place est dans un temple dédié à l'olympe, nullement chez un amateur d'arts...

Il tourna alors son regard vers Xénos.

Le temple où j'officiais se trouve à Lardanum, mais je suis originaire d'ordenum aussi ai je pensé à vous. Ici je doute que n'importe qui puisse rentrer en tout impunité non ?

Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'après avoir fait de rapides recherches dans les archives de la ville, je n'ai trouvé nul part trace d'un moine se nommant Grimaldus sur Olympia, ce qui je dois dire me trouble assez.

Bien, maintenant que certains point sont éclairés, je pense qu'il est temps de passer à des choses plus sérieuses :

Pourrais-tu nous dire pourquoi ce livre est à la fois un don et une malédiction ?
Pourrais-tu également nous préciser pourquoi les paladins n'ont eu cure de ton histoire ?

J'ai conscience que je suis assez insistant mais nous ne pourrons pas t'aider si nous ne nous informons pas un minimum. De plus, tu dis être originaire d'Ordenum mais je n'ai trouver nul part trace de toi dans les actes de naissance de notre ville (HRP//tu n'apparaîs nul part dans le classement). Pourrais-tu aussi nous éclaircir à ce sujet si ce n'est pas trop indiscret ?

Xenos s'assit sur le coin de la table face au visiteur, il croisa ses bras et son visage se fit dur.

Je vais être franc et direct voyageur. J'ai été aimable jusqu'ici. Je t'ai proposé de te réchauffer, des vêtements secs et de quoi te sustenter. Et toi tu parles à demi mots, et tu continues de nous cacher qui tu es.

Le Loup avait les yeux qui passaient au jaune, un signe reconnaissable chez lui pour qui le connaissait un tant soit peu.
Alors un conseil si tu tiens à rester en bon terme avec nous, car comme tu t'en es douté, ce n'est pas n'importe qui qui peut venir ici, ou du moins en repartir...je te sugère de faire la lumière sur ton identité, et ton visage! Et ensuite de faire un exposé complet sur ce livre. Sans cela je crains que nous ne puissions guère plus que les paladins. Pourtant, retiens que nous t'avons offert une oreille pour t'écouter, et une main pour t'aider. A toi de la prendre, car sans cela...

L'assassin ne finissa pas sa phrase, laissant planer la possible menace.

La porte s’ouvrit violemment, un torrent de pluie s’abattit sur le pas de porte et une haute silhouette encapuchonnée dans une capeline de cuir se précipita à l’abri de la taverne. Il s’ébroua tel un animal mouillé, referma prestement la porte pour éviter que le froid n’entre plus que de raison et repoussa sa capuche.

Hirald interpella Anarion

Anarion, aurais-tu encore de ton remontant magique ? La pluie m’a transi et ton élixir ne serait point de … les derniers mots restèrent en suspens, l’attention du chevalier restant fixé à la scène qui se déroulait devant lui. Xénos, Anarion et Ender entouraient un homme encapuchonné, Althéa légèrement en retrait.

Salut l’ami, alors on fait connaissance avec les Loups ?

Je dirai plutôt qu'il tente de jeter son venin. J'attends toujours ses explications...

Le ton de Xenos semblait perdre en chaleur à chacune de ses paroles, si bien qu'il semblait faire plus froid dans la taverne qu'à l'extérieur.

Un instant, Xenos! dit Ender en se plaçant à sa hauteur. Loin de moi l'idée de critiquer tes méthodes en matière d'interrogatoires, mais Grimaldus, ou quel que soit son nom, est mon invité ici, et il est hors de question qu'il soit brutalisé comme le dernier des Averrod sans lui avoir laissé le temps de s'expliquer comme il faut. Si cet homme a été pourchassé come il le prétend, il n'est certes pas venu trouver refuge en ces lieux pour se voir plus oppressé encore.

Le blondinet se retourna vers Grimaldus et ajouta:

Allons, mon ami, continue ton histoire...

Le visiteur semblait s'enfoncer dans son siège pendant que les deux Chevaliers Noirs s'acharnaient sur lui. Lorsqu'Ender prit la parole pour les calmer il se releva et ramassa son livre prestement, s'éloignant en reculant de ceux qui semblaient vouloir devenir ses tortionnaires.

Que vous ai je donc fait pour subir un tel acharnement ? Pour mon nom il suffisait de demander plutôt que de s'énerver... A l'entrée dans l'ordre auquel j'appartient un nouveau nom est assigné à chacun mais les fiches d'état civile, elles, ne changent pas...

Il s'arrêta de reculer lorsqu'il heurta une autre table et resta ainsi, le livre serré sur sa poitrine.

Dire que j'avais imaginé que vous seriez plus compréhensif que d'autres... Votre chef semble plus posé quand on l'entend parler !

D'un coup le visage de Xenos devint tout gentil, souriant, chaleureux.

Mais qui a dit que nous allions vous faire du mal? Nous voulons juste savoir à qui et à quoi nous avons affaire, sans quoi, d'autres que nous se chargeront de vous faire souffrir, à ce que vous nous avez dit.