Banc du luthier

Non loin de l'âtre, un banc fait face au reste de la taverne. Lorsque tous sont en train de boire ou manger, ici peuvent venir chanter les troubadours, les poètes déclamer leurs rimes et les musiciens faire danser les chevaliers repus. Un banc simple, de bois de pin aux couleurs chatoyantes et dansante du au reflets du feu sur ses veines.

N'hésitez pas à venir ici un instant et à réjouir nos oreilles de vos vers et proses.

Le jeune éclaireur ordenien Xenos, s'avança en premier ce soir là, un regard morose et terne prenait place en ses yeux. D'une voix calme mais triste il commença à élever la voix:

Un aprés midi d'été,
Alors que je revenais
De la guerre détestée,
Je retrouvais mon aimée.

Aprés tant de mois
Loin de chez moi,
Je retrouvais mon émoi.

Cette femme que j'aimais
Qui pour moi tout était,
Ce jour là m'a quitté.

Je repartais seul,
Le coeur dans mon linceul.
Je repartais les yeux baissés,
Le coeur meurtri et blessé.

Depuis rien n'a changé,
Elle m'a seulement oublié.
Et je n'ai de cesse de pleurer
Celle qui ma vie était.

Seigneur Loup Nombre de messages : 205 Date d'inscription : 30/07/2005

Slash demeurait les bras croisés sur sa poitrine, le regard calme et détendu. Un sourire jouait sur son visage, un sourire simple et sans artifices. L'olympien écoutait, avec bien sûr cet habituel amusement avec lequel il prenait toutes choses. La chanson évoquait beaucoup.

Un peu plus tard dans la soirée, une fois la lune au sommet de sa course, l'éclaireur revint vers le banc et se mit à déclamer lentement, d'une voix posée:

Qui parmis les êtres vivants peuvent comprendre la nuit?
Qui peut se targuer comprendre la solitude de la lune.
Nous qui vivons sous sa lumière la connaissons,
Ou du moins nous le croyons, étant ses enfants.

Et pourtant même nous ne pouvons l'appréhender.
Inlassablement elle court pour nous chaque nuit,
Comme nous courrons après nos proies.
Malgré tout elle seule sait ce qu'est la vraie solitude.

C'est pourquoi chaque nuit, inlassablement,
Nous hurlons pour elle, le museau levé.
Nous prions pour notre astre aimé,
Pour qu'elle se sente moins seule et aimée.

Chaque nuit son ombre me hante,
Son odeur se répandant dans mes narines,
Ses bras immatériels me frôlant.

Chaque nuit mon coeur saigne,
Cet amour perlant de mes veines,
Ce désespoir filtrant de ma peau.

Chaque nuit je meurs à nouveau,
Perdant inlassablement sa main,
Laissant échapper son coeur.

Chaque nuit je me perds face aux étoiles,
Et hurlant à la lune je me déchire,
Laissant mon âme partir.

Jusqu'au matin où elle ne reviendra pas.

Un texte écrit comme ça, sans réel rapport avec moi commença Xenos cette fois ci en s'avançant face à l'assemblée:

Mais pourquoi? bon dieu pourquoi!!!
Qu'ais je fait pour mériter ça?
Pourquoi, pourquoi, pourquoi?

Pourquoi donc n'ais je rien pu faire,
Et aujourd'hui encore être impuissant?
Pourquoi ne changes-je pas,
Ne puis je cesser de l'aimer?

Je...je.....je....

Je n'en peux plus de cette situation,
De cette mort à petit feu qui m'étreint.
Je souhaiterais ne plus souffrire
De cet ancien et brûlant hyre.

Pourtant je ne peux l'oublier,
Je ne souhaite même pas l'effacer.
J'aimerais...peut être la retrouver,
Au moins ne pas être oublié.

Elle...elle.....elle.....

Elle était tout pour moi,
Mon coeur avec joies et peines.
Elle était mon autre moi,
Ma moitié parfaite.

Je n'avais qu'elle en tête
Et depuis je m'affaisse.
Je n'ai plus ma tête,
Et bientôt je le rejoindrai.

Xenos s'avança lentement vers le banc, face à son auditoire et pris une courte respiration avant de lever les yeux vers lui:

Ce texte m'a été fourni par Elydir, il a toutefois tenu à ce que je le lise pour lui. Bien que je ne sois pas pour en temps normal, je lui fais cette faveur ce soir.

Xenos reprit à nouveau sa respiration, se détendit parfaitement et sa voix claire perla alors:

Les lourds rameaux neigeux du mélèze et de l'aune.
Un grand silence. Un ciel étincelant d'hiver.
Le Roi du Hartz, assis sur ses jarrets de fer,
Regarde resplendir la lune large et jaune.

Les gorges, les vallons, les forêts et les rocs
Dorment inertement sous leur blême suaire,
Et la face terrestre est comme un ossuaire
Immense, cave ou plat, ou bossué par blocs.

Tandis qu'éblouissant les horizons funèbres,
La lune, oeil d'or glacé, luit dans le morne azur,
L'angoisse du vieux Loup étreint son coeur obscur,
Un âpre frisson court le long de ses vertèbres.

Sa louve blanche, aux yeux flambants, et les petits
Qu'elle abritait, la nuit, des poils chauds de son ventre,
Gisent, morts, égorgés par l'homme, au fond de l'antre.
Ceux, de tous les vivants, qu'il aimait, sont partis.

Il est seul désormais sur la neige livide.
La faim, la soif, l'affût patient dans les bois,
Le doux agneau qui bêle ou le cerf aux abois,
Que lui fait tout cela, puisque le monde est vide ?

Lui, le chef du haut Hartz, tous l'ont trahi, le Nain
Et le Géant, le Bouc, l'Orfraie et la Sorcière,
Accroupis près du feu de tourbe et de bruyère
Où l'eau sinistre bout dans le chaudron d'airain.

Sa langue fume et pend de la gueule profonde.
Sans lécher le sang noir qui s'égoutte du flanc,
Il érige sa tête aiguë en grommelant,
Et la haine, dans ses entrailles, brûle et gronde.

L'Homme, le massacreur antique des aïeux,
De ses enfants et de la royale femelle
Qui leur versait le lait ardent de sa mamelle,
Hante immuablement son rêve furieux.

Une braise rougit sa prunelle énergique ;
Et, redressant ses poils roides comme des clous,
Il évoque, en hurlant, l'âme des anciens loups
Qui dorment dans la lune éclatante et magique.

Un battement, une respiration,
Sourds et puissants,
Elle n'est plus maître d'elle même.

Du lever du soleil,
A l'orée de la nuit,
Elle ne fait que s'exténuer.

Jamais de repos,
Jamais de sommeil,
Pour celle qui veille.

Son coeur se flétrit,
Sa vie se fâne,
Elle se meurt à petit feu.

Personne ne l'écoute,
Personne ne se doute,
Seule elle en pleure.

J'aimerais être autre,
J'aimerais être proche,
Et la délester de ces peines.

Mais je ne peux agir.
A eux d'ouvrir les yeux,
Avant que ne brûle le feu.

Xenos était assis devant la cheminée, un verre d'hydromal à la main, appuyé sur son autre bras. Il regardait la flamme vaciller devant lui, jouer avec le bois, quant tout à coup sa voix perça la tranquillité de la soirée:

Le vent souffle sur la plaine enneigée,
Refroidissant le voyageur égaré.
Il avance bon gré mal gré,
Par une pâle lune éclairé.

Les ombres se jouent de lui,
Réveillant les démons de la nuit.

Avance pauvre hère!
Rejoins nos folles terres.
Entre démences et croyances
A toi de trouver ta chance!

Les sons étouffés se jouent de lui,
Cachant les démons de la nuit.

Viens à nous pauvre hère!
Nourris nos arides terres.
Entre angeances et semences
Ton coeur est dans la balance!

Je crois avoir enfin réussi à faire un écrit qui parle bien de nous, les Loups...Avis aux amateurs, écoutez bien:

Nuit noire sur lune crépusculaire,
Museau froid pour yeux rageurs,
Résolu je cours à la guerre.

Sous mes pas naît la peur,
Visible dans les yeux de mes proies,
Annonçant leur mort dans l'heure.

Un vent de mort se lève dans les bois,
Os et échines brisés par mes crocs.
Silencieux et implacable, je nettoie.

Comme un linceul blanc,
Mur d'effroi me glaçant,
L'oubli consume ma vie.

Perdu même chez moi,
Me retrouvant aux abois,
Le néant efface ma vie.

Ombre d'un Loup,
Fantôme de Chevalier,
Le styx vole ma vie.

Xenos n'avait jusque là jamais vraiment abordé sa perte de mémoire. Ce soir, hypnotisé par les flammes il avait parlé sans s'en rendre compte, ses lèvres laissant la prose perler sans qu'il ne la recherche. Une vieille habitude de l'assassin, que son esprit mettait en place sans qu'il ait besoin d'un effort conscient pour y arriver.