Xenos allait être convoqué par son maître. Il avait reçu l'ordre il y a peu. Il ne savait pas ce que le seigneur des Loups pouvait bien lui vouloir mais il se présenterait bien entendu. Il avait beau avoir perdu la mémoire, il ne se fiait qu'à cet homme. La seule personne en qui il ait réussi à donner sa confiance. Et ce n'était pas chose facile quand on ne se souvenait de rien. L'assassin se trouvait non loin des portes d'Ordenum, à la lisière d'une petit forêt au nord de la ville. Quelques personnes disait qu'un géant était venu s'y installer à un moment donné, il se rappela une histoire avec..qui déjà? Tenaka? Ou Hirald peut être. De toute façon, comme la plupart des choses, cela n'avait guère d'intérêt pour lui actuellement.
S'il était venu ici il ne saurait dire pourquoi ses pas l'y avaient amené. Mais il sentait aussi que quelque chose le poussait à continuer sa marche, à pénétrer cette forêt. Il avait encore un peu de temps devant lui, il avait prévenu qu'il ne serait à la forteresse que le lendemain. Cela lui laissait la soirée et la nuit pour lui. Il respira une nouvelle fois l'air frais du soir, et laissa ses pas le guider. Calmement il s'égara dans les bois, se fondant avec les ombres.
Une heure passa, une heure à marcher sur un lit d'herbes, de mousse, de branches mortes et d'épines tombées. Puis le Loup arriva dans une petit clairière. Ce qui le prévint du changement fut un bruit clair, le son de l'eau cascadant, et en effet, après avoir poussé une dernière branche de pin, un spectable admirable lui fut offert. Une petite étendue d'eau occupait la majeure partie de la scène, avec autour un champ vert et blanc, mélange d'herbe fraîche et de fleurs nocturnes. La lune laissait tomber sa lumière blafarde sur les pétales largement ouverts, et les reflets créaient une ambiance féerique. Sur l'eau, des insectes voletaient, certains se faisant attrapés par un poisson un peu moins endormi que les autres. La cascase qui descendait le long d'une paroi mélangeant calcaire et pierre faisait résonner une mélodie cristalline et d'une douceur sans pareille. Xenos se trouva au pied du petit lac sans s'en rendre compte, émerveillé par ce lieu, son corps apaisé par le charme de l'endroit. Il était en contemplation devant la chute, les yeux perdus sur l'eau qui bondissait de pierre en pierre.
Le temps passa peut être, l'olympien ne le sentit pas en tout cas, mais par contre quelque chose le fit sortir de sa torpeur. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose le tiraillait. Lentement il tourna le visage, regardant de partout. Il dut s'y prendre à deux fois avant de trouver la cause de cette sensation: un loup se dressait à côté de la cascade, buvant l'eau du lac. Son coeur s'emballa, il retint sa respiration, tout cela inconsciemment. Et là le loup releva les yeux. Et les deux Loups se regardèrent, leurs iris aussi jaunes l'un que l'autre scrutant l'étrange animal qui lui faisait face. Cela sembla durer une éternité à Xenos, et dans le même temps une seule seconde passa. Le prédateur arrêta de laper l'eau. Xenos se retrouva assis, sans réellement le vouloir, son corps trop fatigué par ses derinères courses. Le loup en fit de même, restant à sa place, continuant à scruter son vis à vis. Le temps cette fois passa réellement, laissant à l'assassin le loisir d'apprécier la robe blanche et la musculature imposante de l'animal qui lui faisait face. Il nota une ressemblance avec lui: tous deux portaient une cicatrice sur l'oeil gauche. Cela l'étonna un peu, mais il ne sut dire pourquoi. L'amnésique ne croyait pas aux dieux, ni au destin, pas comme celui qu'il avait été.
La nuit s'imposa, obscurcissant encore plus les lieux, et le sommeil rattrape Xenos. Il sombra, sans s'en rendre compte, se retrouvant à dormir en position foetale au bord de l'eau.
Le petit matin le trouva au même endroit, et le chant des oiseaux le réveilla doucement. Sans précipitation il ouvrit les yeux et se releva, cherchant à se remémorer cette nuit. Avait il rêvé? Il se le demanda, mais en se levant il trouva des poils blancs sur son armure de cuir noir. Il en pris quelques uns et les renifla. Un rêve ne laissait pas de traces tangibles hein? Il avait donc bien vu ce loup, et celui là l'avait même tenu au chaud tout au long de la nuit. L'assassin repartit en direction de sa ville, attendu par son maître. Mais il était quelque peu différent, son coeur n'était plus qu'un simple abîme de noirceur. Une lueur féroce, animale l'habitait. Un pan de ce qu'il avait été se réveillait. Le Loup tapi en lui restait vivant, plus que jamais.
Mar 5 Juin - 3:36