Les Chevaliers Noirs
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Les Chevaliers Noirs

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 [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups.

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Slash
Seigneur Loup
Slash


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MessageSujet: [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups.   [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups. Icon_minitimeMer 29 Nov - 20:21

[HRP : Simple réédition d'une chronique parue il y a longtemps, histoire de pas la perdre. Je n'ai pas eu le temps de revenir dessus, il se peut qu'il y ait des fautes donc. Cela dit, cette chro a été postée il ya... longtemps.]



Le jeune homme s’agitait vainement dans la tour de guet. Poussant un soupir, il élargit le col de sa tunique de coton blanche, tentative superflue pour attirer une brise inexistante. Le métier de sentinelle, lors de la saison du Souffle Infernal, semblait encore plus fastidieux que d’habitude. Il quitta son abri et s’aventura sur la passerelle qui reliait une tour à une autre : le mouvement, peut-être, tairait cette chaleur qui le pesait et tarirait la sueur perlée qui lui donnait le sentiment d’être crasseux.

C’était l’après-midi : une ambiance crépusculaire se devinait à peine, les nuages effilochés étaient pâmés d’or et les rayons agonisants d’un soleil implacable se jetaient avec force sur le paysage alentour. Les murailles pierreuses et grisâtres de la ville luisaient, la montagne aux flancs jaunis, la plaine à l’herbe claire rendaient cette fin de journée éclatante et belle. L’adolescent soupira encore, mais c’était là un soupir de joie, un remerciement silencieux adressé à Déméter et aux perfections de sa nature. Soudain, il plissa les yeux et tendit le regard au lointain. Une forme se découpait sur cet horizon étincelant. Il força le regard à nouveau, et bientôt il reconnut la silhouette de cet homme pour l’avoir admiré comme tant d’hommes d’armes en Ordenum.
- Place, place ! Ouvrez les portes ! cria-t-il, car en effet, marchant au pas, le seigneur Slash se dirigeait vers la cité.


Slash avança le long d’un chemin de pierre qui débouchait sur l’avenue principale. Celle-ci était assez large pour laisser passer une carriole et son cheval, ou plusieurs voitures de princes. Il prit la direction des halles, insensible à l’attention qu’il déclenchait, aux murmures qu’il laissait bourdonner dans son sillage, aux salutations polies et aux révérences dont soldats, vieillards, jeunes femmes et gouvernantes le gratifiaient.

Son pas était souple, mais cadencé. En peu de temps, il arriva aux grands marchés où un marchand bedonnant, en tunique violette, criait, négociait, marchandait d’une voix chantante. Slash déposa brutalement le large sac de pierres qu’il portait en bandoulière. Le choc et le bruit firent sursauter le gros olympien, qui tourna son regard vers l’assassin. Un frisson le parcourut, et presque immédiatement il courba l’échine.
- Oh, bonjour mon seigneur, bonjour. Vous semblez en grande forme et votre teint hâlé respire la santé. Que me vaut le merveilleux honneur de votre visite ?
- Comme tu peux le constater…

Slash désigna les pierres du menton, un sourire en coin jouant sur ses lèvres. Les propos maniérés du marchand l’amusaient. Il se pencha en avant et défit l’attache du sac afin que son interlocuteur puisse y jeter un coup d’œil ; ce qu’il fit en se frottant les mains.
- Oh, des pierres, des pierres pour la construction de notre belle cité, murmura-t-il, son regard luisant d’intérêt. Il pencha son corps obèse, fouillant de ses doigts boudinés l’intérieur, tâtant, observant chaque pierre. Oh, je pense que cinquante pièces d’or feront l’affaire…
- Soixante-trois, corrigea Slash d’un ton sans appel. A raison de trois pièces d’or par pierre, cela donne soixante-trois, Philalecte. Mes pierres sont à ton goût n’est-ce pas ?
- Oh oui mon seigneur, bien sûr, pardonnez moi cette erreur, j’étais distrait.
- Je te pardonne, je suis dans mes bons jours. Cependant garde à l’esprit que je t’ai assigné à cette fonction pour les besoins de la ville, non pas pour ta fortune personnelle. Si je te reprends à vouloir escroquer quelqu’un d’autre, je t’enverrai mes loups. Et avec eux, je te l’assure, aucune négociation n’est possible…
- Milles excuses mon seigneur, milles excuses cela ne se reproduira plus…

Le gros olympien courba le dos à nouveau en une révérence presque comique, essayant presque de toucher de son large nez ses sandales de cuir. Slash ne lui accorda aucun regard, et claqua les talons, se dirigeant vers le bâtiment des chevaliers noirs.
- Tu enverras l’or aux quartiers des Chevaliers Noirs. Que je m’aperçoive qu’il ne manque ne serait-ce qu’une piécette et j’irais personnellement te trancher la gorge.


*


L’or de Philalecte était arrivé au quartier des chevaliers noirs, un grand bâtiment de pierre solide, en forme de U, qui par le passé avait abrité des bataillons de paladins. D’une cage à chiens c’était devenu une tanière de loups, disait Slash bien souvent. Confortablement installé dans un fauteuil au dossier pourpre, moins assis qu’affalé, l’assassin regardait les cendres froides dans la cheminée sans vraiment les voir. Une table rectangulaire s’étirait en diagonale au milieu de la pièce, jouxtant l’emplacement de son siège. Livres de compte, parchemins jaunis par les ans, arme aiguisée et fourreau de cuir se côtoyaient pêle-mêle dans un joyeux désordre. Des instruments de physique vieillissant, mais toujours en état de fonctionner, occupaient le reste de la table, ne laissant apparaître que l’aperçu d’une carte immense d’Olympia. La Malika était accrochée par les bretelles au fauteuil. Cette atmosphère était propice à la réflexion et le maître des chevaliers noirs, seul dans une pièce adoucie par une brise maritime, se complaisant dans un silence timidement brisé par le bruissement des feuilles de papier blanc.

La reconstruction avançait. Pas aussi vite qu’il ne le souhaitait, certes, mais elle avançait néanmoins. La banque serait bientôt prête, et chaque ordenien pourrait y mettre de côté sa fortune personnelle. Sur le plan militaire, les nouveaux chevaliers noirs gagnaient en technique et en puissance de jour en jour, mais ils tardaient à atteindre le niveau qu’il exigeait. Il avait un léger sentiment de stagnation, et la lenteur des évènements l’ennuyait beaucoup. Il eut un rictus à cette pensée, et, tant pour s’en distraire que pour remplir ses devoirs d’administrateur de la ville, il tendit la main vers la table et saisit l’une des nombreuses enveloppes qui s’y empilaient. Il l’ouvrit.

Il reconnut très vite l’écriture d’Althéa, qu’il avait appris à reconnaître. Il avait pris goût à la compagnie de cette jeune femme, froide en apparence, passionnée quand il fallait faire parler l’épée. La lettre disait qu’elle refusait de participer au tournoi organisé par les géants : très bien, il avait d’autres projets pour elle. Plus importants.

Il déposa la lettre sur le côté, et en prit une autre. Cette fois, il en reconnut l’expéditeur avant même de l’avoir ouverte. Elle avait l’allure et les proportions de bien d’autres qu’il avait reçu auparavant. Il finit par l’ouvrir et lut ce que Heinrich avait à lui dire. La nouvelle recrue des chevaliers noirs s’était récemment illustrée par son désir et sa fougue, sa volonté de retranscrire tout ce qui touchait aux loups d’Ordenum. Récemment, il lui avait fait lire un livre, un livre dont il avait apprécié le contenu, et accueillit le titre avec une réserve teintée de positivisme. Le chevalier cherchait à définir ce qu’était un chevalier noir… Ce qu’ils étaient… De la racaille, aurait immédiatement répondu Ackron.

Le souvenir de son ancien maître raviva une haine à peine endormie, et un nouveau rictus s’attarda aux coins de ses lèvres. Il caressa d’un air absent le pommeau de son arme, la danse macabre… Combien de paladins étaient morts sous son tranchant dentelé dans une pitoyable tentative de le ramener, mort ou vif, à leur chef ? Impossible à définir… Le bruit du fer contre le fer, les lames s’entrechoquant, les cris, le sang, le souffle rauque des prédateurs à l’agonie, le souvenir de la bataille lui revenait : des chasseurs s’étant mesurés à un trop gros gibier. Cette nuit-là, oui, cette nuit-là…


Dernière édition par le Mer 29 Nov - 20:33, édité 1 fois
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Slash
Seigneur Loup
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MessageSujet: Re: [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups.   [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups. Icon_minitimeMer 29 Nov - 20:28

Une maigre agglomération, en marge de la cité blanche…

Slash allongea le pas, et compta les maisons resserrées les une contre les autres, au bord de la route, éclairées tour à tour par le soleil levant. Au-delà, il n’y avait guère plus de route, mais le chemin de pierres grossièrement posées laissait place à un sentier d’herbes folles qui montait en flèche. La rosée brillait et l’air tremblait, ou bien était-ce la lumière qui cherchait à se poser. L’aurore approchait, elle naissait alors, et c’est sans joie que l’olympien accueillit l’arrivée de la fille d’Hélios.

Quelques heures à peine s’était écoulée depuis son départ : ils devaient déjà être partis à sa recherche désormais. Le jeune paladin hâta le pas. Plus justement, ancien paladin. Bien qu’il revêtît toujours l’armure étincelante de l’ordre, bien que son arme fusse faite dans le même acier et affinée avec la même précision, il n’y avait plus rien de paladin en lui - cette tenue lui avait juste permis de s’en aller sans éveiller trop de soupçons. Ackron devait probablement se douter de son départ, et il serait probablement fou de rage quand il verrait ce qu’il avait fait. Très bien. Cela lui apprendra à le mésestimer…
Désormais, il était libre comme le vent, libre de ses obligations de paladin, libre d’exercer un art que tous respectaient mais craignaient déjà, tous excepté son mentor. Slash avait la réputation d’être le meilleur de tout le régiment : elle n’était pas volée. Certains y réfléchiraient à deux fois avant de se porter volontaire pour le retrouver : c’était avant tout sur cette crainte, même minime, que comptait l’olympien.

Ses pas l’avaient presque conduit hors du village quand il se figea. Des bruits de bottes, des voix perçant le semblant de nuit qu’il restait encore, le vacarme des armes et de la ferraille qui s’entrechoquaient à chaque mouvement. Slash tendit l’oreille, essayant de capter leur conversation – peut-être pourrait-il prétendre à nouveau qu’il était en mission importante. La chose n’était pas rare. La formation de l’olympien avait quelque peu dévié de celle des autres, et c’était plus en secret, seul, qu’il opérait. Il attendit un instant, puis étouffa un juron. Ces hommes là étaient à sa recherche, il venait de l’entendre très distinctement ; par quelque façon, Ackron avait réussi à donner l’alerte et il était désormais trop tard pour une seconde supercherie.

Ils s’approchaient désormais, marchant le long du sentier, d’un pas lent et régulier. Ils discutaient tout haut, s’interrogeant sur la présence du traître dans les environs. L’ex paladin distinguait à la voix quatre hommes et une femme. Leurs bottes résonnaient contre les pierres. Slash, lui se déplaçait sans bruit, telle une ombre. Il se glissa entre deux maisons dont les murs s’épousaient presque. S’étant ainsi faufilé dans cette étroitesse rassurante, embrassant avec délice la pénombre, il ramena dans un geste souple sa cape grisâtre sur ses effets. Leur éclat pourrait le trahir. Il espérait juste que l’aube n’était pas assez avancée pour lui réserver quelque mauvaise surprise, et que son aspect se confondrait avec celui des habitations. Sinon...

Il eût tort de s’inquiéter, sembla-t-il. L’escouade passa sans méfiance. Slash attendit un instant avant de sortir, mais pas trop longtemps : ses minutes étaient comptées et s’il se montrait trop patient, l’escouade rebroussait sûrement chemin, accompagnée cette fois de plusieurs autres paladins. Or, il ne recherchait pas le conflit, mais le moyen le plus sûr pour l’éviter. Et ce fut alors que, s’extirpant de son abri de fortune, il tomba nez à nez avec deux autres paladins. Ils devaient s’être séparés du groupe pour une raison quelconque, et pressait désormais le pas pour le rejoindre. Chacun resta interdit. Pendant une fraction de seconde, Slash se demanda s’il aurait le temps de dégainer l’arme de son dos et tuer les deux olympiens avant qu’ils ne sonnassent l’alarme. Cette fraction de seconde fut de trop.

- Alerte ! Alerte ! Le traître est ici ! Slash est ici ! cria une voix féminine, en dessous du heaume de protection qu’elle revêtait.

Il faut croire que la patrouille avait ralenti l’allure, car en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, ils étaient là à nouveau. Ils se dispersaient, l’entourant avec lenteur dans la froide lueur d’un matin encore enténébré. Slash ne put s’empêcher un rire moqueur ; la vie était réellement pleine de surprises.

- Vous me prenez donc au piège, tout comme les chiens entourent le renard aux abois... Est-ce bien là une technique de paladins ?
- La ferme, traître, nous savons tes méfaits ! Tu ne quitteras pas ces lieux vivants !
- Ne résiste pas, et nous te promettons une mort rapide ! renchérit une des femmes soldats, apparemment plus hardie que les autres.
- Je pourrais te promettre la même chose, mais je mentirais, murmura-t-il.

Slash devinait les mouvements autour de lui, mais impassible, il invitait ses adversaires à s’approcher. Le cercle se resserrait de minute en minute. Craintifs, déchirés entre peur et devoir, les jeunes paladins progressaient avec lenteur. Et à mesure que le temps passait, ils gagnaient en audace. L’épée dégainée, ils seraient bientôt sur lui. Soudain, il banda tous ses muscles en position d’attaque, sa propre arme jaillit dans un éclair de lueur et un crissement métallique tout à fait synchrones. Ce soudain regain d’activité sema le trouble chez ses adversaires qui firent un pas en arrière. Calme, immobile, leur ennemi n’en paraissait pas moins redoutable.

- Je ne nourris aucun haine à votre endroit mes frères, mais si vous demeurez ici plus longtemps vous mourrez. Choisissez ! martela-t-il d’un ton coléreux.

Une manœuvre d’intimidation. C’était là le seul atout qu’il lui restait. Affronter sept racailles, cela ne lui poserait pas de problèmes. Sept soldats de métiers, c’était chose déjà plus ardue. Mais il n’était absolument pas certain de pouvoir vaincre sept paladins. Des chiens, certes, mais des chiens de chasse entraînés au combat : il devrait son salut qu’à la réputation qu’il s’était forgée ou à la vigueur de son bras. Pendant un instant, il eut l’illusion que, de peur, ils le laisseraient passer. Puis, le hurlement de la femme soldat qui l’avait défié brisa l’atmosphère tendue. Elle se jeta sur lui, alors qu’il tournait son regard derrière son épaule. Grossière erreur.

L’épée de Slash surgit et vola jusqu’à sa gorge, traçant une ligne rougeâtre dans la chair à nue. Une averse de sang bruina le sol. Elle éclaboussait son visage, alors qu’elle s’effondra, des gargouillements horribles et des hoquets plaintifs s’élevant de la mourante qui essayait, dans une pathétique tentative, de respirer. La scène était horrible. Choqués, les paladins demeurèrent d’abord paralysés. La seconde d’après, ce fut le chaos.
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Slash
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MessageSujet: Re: [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups.   [Souvenirs d'une vie passée] Chiens et Loups. Icon_minitimeMer 29 Nov - 20:32

Note : Bon pour tous les lecteurs qui auraient déjà lu la partie précédente ou qui compteraient lire celle ci, je vous préviens, elle est légèrement sanguinolente, pour ne pas dire "gore" (Surprised). Je conseillerais à ceux qui n'aiment pas les écrits où beeeaaaaucoup de gens se font trucider de ne pas lire la suite. Sur ce, après cette brève introduction, allez y vous pouvez vous amuser


La situation s’accéléra à une vitesse stupéfiante : la pression atteignit son point culminant alors que les paladins se ruaient sur lui, pareille à une meute enragée. Le maître des chevaliers noirs se souvenait parfaitement qu’une apocalypse de brutalité et de sang se déchaînerait par la suite, que la tension céderait bientôt sa place à un cataclysme d’épées, de fléaux, de chocs et d’entrechocs, de cris, de hurlements, de râles d’agonie, une bataille telle que le dieu de la guerre lui-même ne pourrait qu’en apprécier l’hommage. Les cris de guerre qui résonneraient alors ne seraient qu’un prologue au massacre.
L’autre olympien à lui faire face, plus intrépide que les autres, fit le premier pas, abattant son épée des deux mains comme un bourreau abattrait sa hache. Souple, fluide, véritable amas de force liquide, Slash se décala élégamment sur sa gauche, esquivant le coup tout en réduisant instantanément la distance qui le séparait de son ennemi. La seconde d’après, il levait l’épée dans un geste à la trajectoire si complexe qu’il aurait été impossible de la redéfinir. Il ne prit pas la peine de lui trancher la gorge : il la perfora directement. La pointe de la lame pourfendit la glotte, la transperçant de part en part, faisant à nouveau sourdre le sang.

Il commençait à peine à la retirer que déjà les autres soldats de la « justice » étaient sur lui. Il balança son corps en arrière tout en évacuant son arme, se pliant avec une facilité telle qu’il semblait se désarticuler. Un instant, il crut sentir la caresse de la lame sur son propre cou, alors qu’il esquivait in extremis le coup. Mais, sans briser la continuité du mouvement, profitant de l’élan accumulé, il fit un tour sur lui-même et lui asséna un puissant coup circulaire qui aurait pu mettre un centaure à terre. Le heaume de son agresseur fut touché de plein fouet. La lame fouilla l’acier, le transperça, se figeant sous la tempe, amenant à une mort fulgurante.
Slash fit trois pas en arrière, s’éloignant à une distance respectable de ses ennemis. Il bougeait, esquivait, frappait avec une économie de mouvement sidérante. L’incroyable chorégraphie de cette bataille était si démesurément précise qu’on aurait juré un ballet. Trois morts déjà, et ses adversaires étaient pris de court. Un autre, moins prudent, avait été tué, le cerveau fracassé par le propre fléau de son partenaire. Un véritable déluge inondait les lieux. L’hémoglobine s’abattait sur le plancher vierge de la ville. On aurait dit que Zeus, dieu du ciel et des éclairs, avaient décidé de faire pleuvoir du sang. Ils étaient trop lents, trop désorganisés : le combat tournait à son avantage. Slash jubilait. Ce fut l’erreur de trop.

Il grimaça alors qu’une douleur aiguisée naquit dans son pectoral droit. Il n’avait pas été assez rapide lorsque, feintant une attaque de taille, l’un des leurs l’avait frappé d’estoc. Son armure n’avait guère plus résisté au choc que celle de ses précédentes victimes, si ce n’est qu’elle l’avait amoindri et avait empêché son corps d’être transpercé. Il repoussa d’un coup d’épaule l’olympien qui progressait lentement dans sa chair, reculant de quelques pas.
Ses yeux le picotaient. Un liquide vermillon et poisseux souillait son armure, affluant entre ses doigts fins qui essayaient vainement de le retenir. La douleur s’insinuait en lui comme le poison d’un serpent, distillant engourdissement, faiblesse, déconcentration. Il serrait les dents, les mains crispées sur le manche de son arme, titubant. Ses adversaires crurent y voir un signe de faiblesse, et ce fut deux olympiens, respectivement armés d’un fléau et d’une épée, qui revinrent à la charge.

Slash leva l’arme à nouveau, mais il n’eut même pas le temps de répliquer qu’un carreau d’arbalète explosa sur sa cuisse nue, là où l’armure n’avait aucune emprise. Il mit un genou à terre. Il ne réussit qu’à opposer de justesse sa lame au violent coup vertical qui aurait sans aucun doute fendu son crâne en deux. Plus rapide que l’éclair, il se saisit du poignet de son adversaire, le contorsionnant, se relevant et balançant son coude en arrière. Il explosa le nez de l’olympien au fléau, qui déjà venait en renfort. Si l’homme ne mourut pas sur le coup, il lui fut impossible de se relever. Impitoyable, il s’attaqua à celui dont le poigné avait été brisé, le martelant de poings, de pieds, de coups de garde dont la violence eût tôt fait de le mettre à terre. Il les acheva tous les deux alors qu’ils rampaient encore au sol.

Hoquetant, tremblotant, Slash crut que le calvaire se terminait là. Un autre carreau lui prouva à quel point il s’était trompé. Celui-ci se figea puissamment dans sa chair, s’enfonçant profondément juste au-dessus du cœur. Il se sentit presque défaillir. Le maître d’Ordenum se souvint que ce jour-là, alors qu’une lueur estivale de petit matin coulait timidement sur le champ de bataille, alors que sur le sentier grossier jonchaient des cadavres sales et poussiéreux, des cadavres qui bientôt rempliraient la livre de chair de Hadès, ce jour-là, il se souvint qu’il avait faillit mourir.
L’arbalétière n’avait pas manqué son coup cette fois. Le premier carreau n’était probablement pas une manœuvre volontaire : un carreau d’arbalète lourde aurait pu percer son armure aussi bien que sa chair. A en juger par les autres munitions qui s’étalaient sur le sol ou étaient demeurés ancrées dans les murs environnants, elle avait, de façon répétée, essayé de l’atteindre. Il ne l’avait même pas remarqué. Il se retourna avec une lenteur extrême, sa douleur au cœur l’empêchant presque de se mouvoir. Un autre carreau frappa au ventre, ricochant sur l’amure par quelque chance, mais lui imprimant une douleur cuisante.

Slash continua à avancer. Il la distinguait maintenant, par-delà la rivière de sang qui lui brouillait le regard, par-delà la douleur qui lui vrillait les tympans. Il ramassa une des épées qui pendaient au sol. Le son d’un carreau fendant l’air se fit à nouveau entendre. Par réflexe, Slash balança un coup d’épée au jugé. La chance était avec lui, ou son adresse s’améliorait à mesure que son état se dégradait, car il réussit à le bloquer. Cet exploit lui aurait probablement valu de se réjouir s’il le pouvait encore. Non, il se contenta d’avancer.
La jeune olympienne paniquait à présent, fouillant maladroitement et désespérément son sac dans l’espoir de munitions de rechange. Slash frappa. Le premier coup fut si fort qu’il sectionna les nerfs de l’avant-bras. Le second, lancé de sa main gauche, ouvrit le corps svelte de la jeune femme en dessous de la poitrine. Il écrasa la blessure de sa botte, la plaquant au sol impitoyablement. Minutieusement, il encercla sa gorge dans le ciseau de ses épées.

- Pitié, glapit-elle, en proie à une vive douleur.
- Tu diras à Ackron… commença-t-il d’une voix où perçait la faiblesse…
- Oh pitié ne me tuez pas je vous en supplie…
- Si par-delà le monde de Hadès, tu trouves un chemin… Dis lui, dis lui bien…
- Je vous en supplie, par tous les Dieux ! sanglota-t-elle encore.
- Dis lui que je m’emparerais de tout.

D’un geste brusque, il ramena ses épées sur sa gorge.

Toc, toc, toc…
- Qui est-ce ?
- Seigneur Slash, on vous demande à la porte. C’est Krellion, monseigneur.
- J’arrive immédiatement.

L’assassin se releva, sa main gantée caressant une cicatrice dans son dos, tapie sous les vêtements. Il eut un sourire mauvais : il ne l’avait pas épargnée
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